Qui est Xcopy ?
XCOPY, artiste londonien anonyme, est devenu l’un des noms les plus influents de l’art numérique et des NFT. Depuis 2010, il explore l’art digital en utilisant des plateformes comme Tumblr et en développant un style distinctif basé sur des glitchs visuels et des thèmes dystopiques. XCOPY a su capitaliser sur l’émergence de la technologie blockchain pour tokeniser ses œuvres, transformant ainsi le paysage de l’art numérique.
Les débuts de XCOPY : de Tumblr aux NFT
Exploration artistique sur Tumblr
Avant l’essor des NFT, XCOPY utilisait Tumblr comme principal vecteur de diffusion de ses œuvres. Depuis 2010, il y publie régulièrement des GIFs glitchés, explorant les distorsions numériques et la saturation des couleurs. À travers ces premières créations, XCOPY abordait des thématiques postmodernes et critiques, mêlant absurdité, aliénation, et dystopie. Tumblr, en tant que plateforme accessible et propice à la diffusion rapide d’œuvres numériques, a joué un rôle central dans l’établissement de son identité artistique. XCOPY y a posté presque sans interruption pendant plus de dix ans, construisant une audience fidèle et curieuse de ses explorations visuelles.
Cependant, Tumblr ne permettait ni la monétisation directe ni la certification des œuvres. Cette limite a poussé XCOPY à chercher d’autres moyens de valoriser son art, ce qui l’a conduit, in fine, à adopter la blockchain.
Les premières ventes sur ascribe.io et First Supper
En 2018, XCOPY a exploré le potentiel des NFTs via ascribe.io, une plateforme pionnière utilisant la blockchain Bitcoin pour certifier l’authenticité des œuvres numériques. Cette plateforme permettait aux artistes de « tokeniser » leurs créations en leur attribuant un identifiant cryptographique unique, garantissant ainsi la traçabilité et l’authenticité. Chaque œuvre était accompagnée d’un certificat de propriété accessible via ascribe, permettant aux collectionneurs de vérifier l’historique des transactions et la provenance des œuvres.
Le 22 mars 2018, XCOPY a vendu son premier GIF pour une livre sterling, marquant une première étape cruciale dans sa transition vers les NFTs. Il a alors commencé à minter ses œuvres sur diverses plateformes, consolidant sa place dans l’univers des NFTs. Sa première vente majeure, intitulée First Supper, a eu lieu en février 2020 sur Async Art. Cette œuvre collaborative réunissait XCOPY, Hackatao, Coldie, Shortcut (qui acheta à XCOPY l’œuvre Jesus Mob en avril 2018 pour 15 dollars) et d’autres artistes influents du crypto-art. Chacun apporte sa vision à une réinterprétation numérique de la Cène.
Ce qui rend cette œuvre unique, c’est sa nature programmable grace à Async Art. Les acheteurs pouvaient acquérir le master token de l’œuvre, qui permettait de la revendre et de l’afficher dans sa totalité. En outre, ils pouvaient acheter des layer tokens représentant les différentes parties de l’image. Ces layers, qui incluaient par exemple la faucheuse dessinée par XCOPY (ici, lien invalide), pouvaient être modifiés presque instantanément via une transaction Ethereum, permettant ainsi aux propriétaires de personnaliser leur partie de l’œuvre 1.
L’œuvre (master token), au prix de départ de 11 ETH (~ 3 000 dollars US au moment de la mise en vente) a été vendue pour 333 000 dollars, un montant significatif qui a contribué à renforcer la position de XCOPY en tant que figure majeure de l’art numérique.
En 2020, ses publications sur Tumblr se sont raréfiées, témoignant de son engagement croissant dans l’espace NFT. Cette période a marqué une réorientation de ses efforts, XCOPY profitant de l’évolution de l’écosystème numérique et des opportunités offertes par les NFTs pour développer son art et toucher un public plus large.
XCOPY : vision, technique et héritage
XCOPY n’est pas seulement un artiste visuel ; il est un architecte conceptuel qui utilise ses œuvres pour explorer des idées complexes sur l’identité numérique et les impacts des technologies contemporaines. Son travail incarne un esprit anti-conformiste, critique du consumérisme et de la dépendance technologique, tout en innovant sur le plan technique et esthétique. Il utilise ses œuvres pour aborder des thèmes comme le capitalisme moderne, la dépendance technologique et l’érosion de la liberté individuelle dans un monde de plus en plus surveillé. Il incite, au travers son oeuvre, les spectateurs à questionner les structures qui régissent leur quotidien.
XCOPY se distingue par sa maîtrise du glitch art, un style qui exploite les imperfections visuelles pour créer un effet de déstabilisation. En utilisant des GIFs animés et en combinant des teintes néon vives avec des ombres et des déformations, il développe un langage visuel qui symbolise la fragilité et la fragmentation de l’identité dans un monde numérique. Ces glitchs et animations donnent une impression de mouvement continu, évoquant une réalité en perpétuelle décomposition ou mutation. Il manipule les pixels et créée des animations qui évoquent la dégradation et la transformation, un processus qui s’inscrit dans une tradition expérimentale qui s’apparente aux travaux des futuristes et des dadaïstes, mais transposée à l’ère numérique.
En publiant ses œuvres sous licence Creative Commons CC0 (renonciation aux droits —dans la limite des lois applicables— afin de placer son œuvre au plus près des caractéristiques du domaine public), XCOPY prône un rejet des conventions du copyright traditionnel et promeut une culture ouverte et décentralisée, alignée sur les valeurs de la communauté Web3. Cette approche permet non seulement une diffusion plus large de ses œuvres, mais invite aussi les utilisateurs à les réinterpréter, créant ainsi une dynamique participative autour de l’art.
Œuvres majeures de XCOPY
XCOPY a produit un corpus d’œuvres marquantes qui explorent les thématiques de la mort, de la société numérique, et de l’angoisse existentielle. Ces pièces, au-delà de leur esthétique percutante, interrogent et défient les normes de l’art contemporain à l’ère numérique.
Right-click and save as guy
Mintée en 2018 et vendue pour 7,1 millions de dollars en 2021, Right-Click and Save As Guy est l’une des œuvres les plus emblématiques de XCOPY, devenue centrale dans le débat sur la valeur des NFT. L’œuvre critique frontalement l’idée répandue que l’art numérique serait dépourvu de valeur intrinsèque car facilement copiable. Le titre, en jouant sur l’expression “right-click and save as”, se moque des sceptiques de l’art numérique, qui réduisent sa valeur à une simple image qu’on peut copier d’un clic droit. Mais l’ajout de “guy” dans le titre offre une dimension plus personnelle et critique, soulignant une attitude nonchalante et un manque de compréhension face à l’évolution de l’art. L’oeuvre appartient aujourd’hui au rappeur Américain Calvin Cordozar Broadus, Jr., dit Snoop Dogg. Ce dernier utilise le pseudonyme Cozomo De’ Medici en tant qu’investisseur dans l’art digital.
Le personnage central, représenté sous de pixels “neige”, apparaît comme une caricature grotesque des détracteurs des NFT. Le style glitch, signature de XCOPY, est utilisé ici pour créer une figure à la fois déformée et instable, symbolisant l’incertitude et l’incompréhension de ceux qui s’opposent au mouvement des NFT sans en saisir les implications profondes. La distorsion numérique, avec des formes irrégulières et fragmentées, rappelle la fragilité des conceptions traditionnelles de l’art face à l’émergence de nouvelles technologies.
Les couleurs principales du fond — vert, noir, et violet — évoquent un déplacement de pixels, créant un effet de mouvement chaotique et un sentiment de dislocation. Ce fond glitché, qui oscille entre plusieurs teintes, accentue l’instabilité de la scène, créant une atmosphère à la fois oppressante et immersive. La présence de ces pixels en mouvement fait écho à l’idée d’une lutte constante entre le nouveau paradigme technologique et les conceptions artistiques traditionnelles.
Le personnage, vêtu d’un hoodie avec la capuche relevée, suggère une volonté de se dissimuler ou de se protéger des critiques. Le hoodie, souvent associé aux figures anonymes ou aux hacktivistes, renvoie à l’idée de l’individu qui se cache derrière un masque ou un écran pour critiquer sans fondement. Ce choix vestimentaire symbolise l’anonymat des internautes qui s’opposent aux NFT sans véritablement s’impliquer ou s’informer. La capuche levée souligne une forme de déconnexion, une envie de ne pas entendre ou comprendre ce qui se passe réellement.
Les lèvres du personnage, de la même couleur que ses lunettes, bougent en continu. Ce détail visuel, avec une bouche en mouvement perpétuel, symbolise des paroles vides ou infondées. Les lunettes, de la même teinte que les lèvres, créent une synergie visuelle qui semble suggérer que la vision du personnage — sa compréhension de l’art numérique — est influencée par ses propres paroles superficielles. Les yeux, grands ouverts et noirs, renforcent cette idée de superficialité, comme si le personnage voyait mais ne percevait pas la profondeur de ce qu’il critique.
L’ajout du terme « guy » dans le titre, au-delà de son aspect informel, peut être vu comme un défi : une manière de dire « fais-le comme un homme ». Ce sous-texte critique la lâcheté de ceux qui, derrière leur écran, prétendent détenir la vérité sur l’art numérique sans en comprendre la profondeur et la révolution technologique que représente la blockchain. Le titre et l’œuvre s’attaquent donc à l’hypocrisie de ceux qui revendiquent une forme de possession intellectuelle sans accepter le nouveau paradigme de vérification et d’authenticité que permettent les NFT.
En valorisant un fichier numérique immatériel grâce à la blockchain, XCOPY met en lumière une transformation radicale de la manière dont l’art est perçu et valorisé. Le processus de certification blockchain confère une dimension nouvelle à l’art numérique, une possession vérifiable et unique. L’œuvre devient ainsi un manifeste visuel, non seulement en faveur de la technologie NFT, mais aussi d’une évolution conceptuelle de l’art, où la matérialité n’est plus le critère déterminant de sa valeur.
Cette transformation est accentuée par le contraste entre la figure glitchée du personnage et le fond en mouvement. XCOPY utilise cette juxtaposition pour déconstruire les préjugés traditionnels, soulignant que la valeur artistique ne réside pas nécessairement dans la matérialité ou la tangibilité d’une œuvre, mais dans l’idée même de possession et d’authenticité que la blockchain rend possible.
Right-Click and Save As Guy se révèle être une critique acerbe et une défense puissante de l’art numérique. En utilisant des glitchs pour symboliser l’instabilité des critiques infondées, XCOPY propose une réflexion sur la mutation de l’art à l’ère numérique. Il démontre, par cette œuvre, que l’art peut transcender les limites du matériel pour atteindre une nouvelle forme de légitimité, ancrée dans la technologie et l’innovation. Cette œuvre incarne ainsi la révolution symbolique et économique des NFT, défiant les sceptiques et réaffirmant la place de l’art numérique comme un médium à part entière, riche de sens et de valeur.
A coin for the ferryman
A coin for the ferryman est l’une des œuvres les plus emblématiques de XCOPY, remontant à 2018, et vendue en 2021 pour 1 330 ETH, soit environ 6 millions de dollars. Cette pièce, qui figure parmi les premières créations de l’artiste sur SuperRare, réinterprète le mythe classique de Charon, le passeur des Enfers, dans un contexte contemporain et dystopique. Elle met en scène un personnage vêtu d’un costume-cravate, représentatif de l’aliénation de la vie professionnelle moderne.
L’œuvre présente un homme en costume, la chemise blanche se fondant avec la pâleur de sa peau, évoquant l’uniformité et l’anonymat du travailleur contemporain. Ses cheveux noirs et son visage, déformé par les glitchs caractéristiques de XCOPY, traduisent un mélange de peur, de fatigue et d’angoisse. La bouche grande ouverte, comme figée dans un cri, incarne l’expression d’une souffrance ou d’une révolte silencieuse, rappelant le cri primal d’un individu pris au piège d’un système déshumanisant.
Le fond de l’œuvre, composé de vagues de couleurs primaires de la lumière (rouge, vert et bleu), oscille frénétiquement de haut en bas, créant une impression de mouvement chaotique et désorienté. Ces vagues lumineuses rappellent le passage incertain et tumultueux des eaux que traverse le personnage, une métaphore directe de la traversée de l’âme que le mythe de Charon symbolise. La frénésie des couleurs renforce le sentiment de dérive, suggérant une perte de contrôle face à un environnement numérique et technologique oppressant.
En utilisant le mythe de Charon, XCOPY ne se contente pas de transposer une référence culturelle classique : il critique la manière dont la société capitaliste moderne s’approprie et exploite cette symbolique. Le coin (la pièce) que le personnage porte symboliquement pour payer le passeur des Enfers devient ici le symbole d’un paiement constant, une allégorie de l’aliénation financière et du cycle perpétuel de travail, de dette et d’exigence professionnelle.
La figure du travailleur en costume-cravate représente l’individu noyé dans les attentes sociales et professionnelles, un damné moderne qui, tout en avançant mécaniquement, subit une déshumanisation continue. Le fond glitché accentue ce malaise en montrant une réalité fragmentée et déformée, où le sens de l’individualité se perd dans les vagues d’informations et d’obligations.
L’utilisation des glitchs par XCOPY traduit une fracture non seulement visuelle, mais aussi existentielle. En déconstruisant l’image de l’homme en costume — figure stéréotypée du capitalisme — XCOPY invite à une réflexion sur les conséquences d’un mode de vie fondé sur la répétition et la quête incessante de profit. L’instabilité du fond visuel et les déformations du personnage soulignent la dissonance entre l’apparence ordonnée du travailleur et l’état intérieur de chaos, révélant l’échec du modèle économique et social contemporain à offrir un véritable sens ou une direction.
Some asshole
Some Asshole est une œuvre emblématique de XCOPY qui illustre son style distinctif de glitch art et sa capacité à explorer des thématiques sombres, critiques, et satiriques. Créée en 2018 et vendue en 2021 pour près de 4 millions de dollars, elle figure parmi les pièces les plus célèbres de l’artiste. L’oeuvre appartient également à Snoop Dogg alias Cozomo De’ Medici.
L’œuvre présente un fond composé de motifs rectangulaires noirs sur un arrière-plan rose vif. Ces rectangles sont disposés en lignes, et certaines d’entre elles clignotent de manière irrégulière, créant un effet visuel de tension et de mouvement chaotique. En contraste, d’autres motifs en forme d’escalier, également noirs, demeurent fixes et non clignotants, introduisant un élément de stabilité visuelle au sein de cette composition agitée. Cette opposition entre les motifs dynamiques et statiques peut être interprétée comme une illustration de la dualité entre la progression et les obstacles, ou encore entre la stabilité et le chaos.
Au centre de l’image se trouve un personnage dont le visage est partiellement couvert de teintes violettes, un choix de couleur unique qui attire l’attention. Cette zone violette, localisée uniquement au centre du visage, semble être un point focal, représentant potentiellement un état de confusion ou de souffrance intérieure. Le blanc, visible dans la région où se trouverait le cerveau, suggère un vide ou une fragilité, accentuant la dimension introspective de l’œuvre. La silhouette du personnage, noire et altérée par des traits dynamiques, donne une impression d’aura floue ou de perturbation entourant la figure.
L’aura altérée et les lignes dynamiques qui entourent la silhouette pourraient être interprétées comme une manifestation visuelle de la tension ou de la pression qui affecte le personnage. Cette figure, dont les contours sont volontairement flous et indéfinis, semble incarner un état d’anonymat ou de dissolution identitaire. XCOPY utilise ici sa technique signature de glitch art pour exprimer une rupture, une perte de cohésion et de stabilité de l’individu.
Les motifs d’escaliers fixes, contrastant avec les lignes clignotantes, créent une dualité visuelle importante. Les escaliers, symboles possibles d’élévation ou de progression, sont placés dans un contexte de chaos représenté par les lignes perturbatrices. Cette juxtaposition peut évoquer la difficulté de progresser ou de trouver de la stabilité dans un monde où les forces perturbatrices sont omniprésentes. Le personnage, positionné entre ces éléments, semble pris dans un état de lutte ou de désorientation, ce qui accentue l’impression de crise identitaire.
Le violet, étant la seule couleur distincte au centre du visage, attire immédiatement l’œil et devient un symbole d’intensité émotionnelle. Cette couleur, en contraste avec les teintes blanches et noires qui l’entourent, pourrait représenter un noyau de souffrance ou de confusion centrale au personnage, transformant cette zone en un point focal de l’angoisse intérieure.
Le titre, Some asshole, renforce l’idée d’une critique de l’anonymat et de la dépersonnalisation dans la société contemporaine. En utilisant un terme vulgaire et provocateur, XCOPY se moque de l’uniformité et du manque d’identité des individus au sein des structures sociales. Ce choix de titre, mis en perspective avec l’aspect flou et déformé du personnage, montre une volonté de l’artiste de dénoncer l’effacement de l’individualité, et la manière dont les gens sont réduits à des stéréotypes ou des figures anonymes dans un système aliénant.
L’utilisation du glitch art est ici un moyen de décomposer l’image de l’individu pour symboliser sa fragmentation et sa perte de repères. L’effet visuel dynamique, qui crée une aura de perturbation autour de la silhouette, amplifie l’idée de désintégration et de lutte pour maintenir une forme de cohérence dans un environnement chaotique.
In fine, Some asshole n’est pas simplement un portrait déformé ; c’est une critique acerbe de la société contemporaine qui efface l’individu dans un tourbillon de confusion, de standardisation et de désorientation. XCOPY utilise ses techniques et choix visuels pour souligner cette déshumanisation, tout en invitant le spectateur à remettre en question les structures qui façonnent cette perte d’identité collective.
Last Selfie
Last selfie, une œuvre d’édition limitée en 10 exemplaires, a été mintée en décembre 2018 sur la plateforme KnownOrigin. L’œuvre, avec son commentaire social incisif et ses thématiques récurrentes autour de la mort, s’inscrit parfaitement dans le style caractéristique de l’artiste. Elle permet à dix collectionneurs potentiels d’en posséder un exemplaire, offrant ainsi un aperçu de la culture numérique contemporaine à travers le prisme de la satire.
Last selfie met en scène un homme en chemise blanche, cravate noire, capturant un selfie en compagnie de la Faucheuse. Contrairement à l’imagerie habituelle où la mort se tient en retrait ou en embuscade, ici, elle se place à côté du personnage, sa main enroulée autour de ses épaules, adoptant une posture presque complice. Ce geste crée une dynamique inattendue, suggérant non seulement la familiarité, mais aussi une forme d’acceptation de la part de l’homme. En effet, le personnage ne semble pas fuir ou se méfier ; au contraire, il initie volontairement le selfie, intégrant ainsi la mort dans un acte qui se veut anodin et social.
Le sourire forcé représenté par un trait noir en dents de scie à travers le visage de l’homme renforce l’idée d’une façade, d’une tentative de masquer l’inquiétude ou l’inconfort derrière un masque de normalité. L’acceptation apparente de la mort, incarnée par la Faucheuse, révèle un détachement ou une insouciance face à l’inéluctable, ce qui rend l’image à la fois troublante et ironique.
En représentant la Faucheuse avec une proximité presque amicale, XCOPY joue avec l’idée que la société moderne, obsédée par l’image de soi, banalise et normalise ce qui devrait inspirer la crainte. Le selfie, en tant qu’acte délibéré et recherché, devient une métaphore de cette acceptation résignée, voire complice, de la mort. Ce contraste entre l’acte social du selfie et la gravité du sujet (la mort) crée une tension qui interroge l’observateur.
Le choix de la Faucheuse pour poser avec le personnage est significatif : elle ne se cache pas, elle se montre au grand jour, et l’homme accepte cette présence sans hésitation. Il ne cherche pas à fuir ou à la combattre ; il cherche plutôt à immortaliser ce moment avec elle, symbolisant ainsi l’obsession de notre époque à tout capturer, y compris l’inévitable.
Les glitchs et le scintillement aléatoire du fond, oscillant entre le rose et le gris, créent une atmosphère instable qui reflète l’ambiguïté du moment capturé. Ces glitchs, moins présents que dans d’autres œuvres 1:1 de XCOPY, perturbent subtilement l’image, rappelant le dysfonctionnement ou l’altération. Cette texture évoque un bruit électronique, semblable à des interférences sur un écran de télévision, et renforce l’idée d’un moment figé dans le chaos.
L’image de l’employé de bureau et la Faucheuse, bras dessus, bras dessous, évoque une critique acerbe de la vie moderne : l’aliénation du quotidien, où l’acceptation de la mort devient un acte ordinaire. Le personnage se conforme à un acte banal (prendre un selfie) sans considérer les implications plus profondes de sa situation. La Faucheuse, loin de représenter une menace, devient une compagne familière, intégrée dans l’acte de documentation que représente le selfie.
La couleur rose, qui scintille et se superpose sur la chemise blanche du personnage, peut être interprétée comme une allusion au sang, soulignant le caractère inévitable et omniprésent de la mort. Le contraste entre le fond rose et gris, ainsi que la texture neigeuse, accentue l’instabilité et la fragilité de ce moment apparemment anodin, rappelant que même les moments les plus simples peuvent être imprégnés de symboles de mortalité.
Avec Last Selfie, XCOPY ne critique pas seulement la culture du selfie ; il explore l’idée que, dans notre obsession de tout capturer, même la mort devient un objet de banalisation. L’acceptation tranquille du personnage face à la présence de la Faucheuse remet en question l’authenticité et la valeur de notre documentation constante de la vie.
En juxtaposant ces deux figures, XCOPY révèle la futilité d’essayer de saisir chaque instant, même lorsque cet instant est empreint de finalité. L’œuvre questionne la superficialité et l’inconscience collective, montrant que même dans un acte aussi simple que le selfie, la réalité sombre de notre mortalité se cache en arrière-plan, toujours prête à nous rappeler sa présence.
All Time High in the City
All Time High in the City est une œuvre clé, ancrée dans le style caractéristique de XCOPY, mêlant dystopie, glitchs visuels, et critique sociale. Cette pièce se déroule dans un paysage semi-urbain sombre et oppressant, où un personnage en costume-cravate se trouve sur une barque conduite par la figure de la mort, la faucheuse. L’œuvre, par son imagerie percutante, explore des thèmes liés au capitalisme, à la vanité de la réussite professionnelle, et à la fatalité de l’existence humaine. Cette œuvre a gagné en valeur de manière exponentielle, atteignant des records de vente en 2021 lorsqu’elle a été acquise pour 1,630 ETH (environ 6 millions de dollars à l’époque) — ici aussi par Snoop Dog. L’œuvre met en scène un paysage urbain chaotique où la figure de la Faucheuse, symbolique de la mort, apparaît de manière inéluctable.
L’image, dominée par un rouge vif et un noir profond, crée une atmosphère infernale. La barque traverse un paysage urbain probablement dévasté, où des bâtiments en arrière-plan sont représentés comme de sombres blocs noirs, découpés par des lignes horizontales. Ces structures semblent figées, voire désolées, rappelant des bureaux anonymes et impersonnels, caractéristiques des environnements de travail modernes.
Le personnage en costume, vêtu d’une chemise blanche et d’une cravate noire, est assis dans la barque aux côtés de la faucheuse, qui tient une rame et guide le voyage. La posture de ce dernier et son expression faciale — un sourire béat, presque détaché — ajoutent une dimension troublante à la scène. Malgré la situation, il semble étrangement satisfait, comme si l’idée de ce voyage, de cette traversée guidée par la mort, ne l’alarmait pas.
Le choix de représenter le personnage avec un sourire non crispé, mais plutôt béat, souligne une forme de résignation ou d’acceptation. Loin d’être paniqué ou inquiet, l’homme semble détaché, voire hagard, comme s’il se laissait porter par les événements, incapable de prendre conscience de l’imminence de sa situation. Ce sourire, dans ce contexte, devient un symbole de la complaisance de ceux qui se perdent dans la quête de succès matériel sans se soucier des conséquences plus profondes de leurs actions.
La faucheuse, quant à elle, est centrale dans l’image. Elle ne se cache pas : elle est au cœur de l’action, c’est elle qui guide la barque à l’aide de la rame, suggérant qu’elle est en contrôle total de la situation. Ce détail visuel, loin d’être anodin, souligne l’idée que la destination et le voyage ne dépendent pas de l’homme, mais bien de cette figure inéluctable qu’est la mort. XCOPY utilise ce symbole pour mettre en exergue la fatalité de la condition humaine et l’impossibilité de fuir les conséquences d’une vie centrée uniquement sur la réussite matérielle.
Les glitchs noirs, qui apparaissent comme des effets de brouillard ou de pluie se déplaçant de droite à gauche, renforcent l’idée d’un environnement en décomposition, symbolisant la fragilité et l’instabilité d’un monde dominé par le capitalisme. Ces distorsions numériques, caractéristiques du style de XCOPY, illustrent un univers en perpétuelle mutation, en écho à l’imprévisibilité des marchés financiers et à la volatilité des systèmes économiques modernes.
Le fond rouge intense et agressif, parcouru de lignes et de formes abstraites, crée un effet visuel chaotique. Il évoque une mer agitée ou un paysage enflammé, rappelant les enfers ou un paysage post-apocalyptique. Cette esthétique accentue le sentiment de désespoir et d’inéluctabilité, suggérant que le chemin emprunté par le personnage n’est pas seulement un voyage, mais une descente irréversible vers une forme de damnation.
L’œuvre peut être vue en relation avec d’autres créations de XCOPY, notamment A Coin for the Ferryman et Last Selfie. On pourrait interpréter All Time High in the City comme une suite logique, une évolution du parcours du personnage. Dans A Coin for the Ferryman, il anticipait déjà ce passage, offrant une pièce en échange du passage. Dans Last Selfie, il se prenait en photo avec la faucheuse, un acte symbolique d’acceptation de sa propre fin. Dans All Time High in the City, cette acceptation atteint son apogée : le personnage a désormais embarqué sur la barque, sourire béat aux lèvres, comme s’il avait pleinement accepté son sort.
All Time High in the City se présente comme une critique mordante du capitalisme et de l’aliénation qu’il produit. En représentant un homme visiblement satisfait malgré la menace imminente, XCOPY souligne la déconnexion de ceux qui poursuivent aveuglément le succès professionnel sans se rendre compte des sacrifices et des conséquences qui en découlent. La faucheuse, en tant que guide, rappelle que la mort reste une force inévitable et omniprésente, orchestrant le destin de chacun.
Cette œuvre, par sa richesse visuelle et symbolique, incarne l’essence de la critique sociale de XCOPY. Elle illustre à quel point l’art numérique peut dépasser les simples formes visuelles pour devenir un véhicule de réflexion profonde sur notre époque et sur les travers de la société moderne.
God is typing ...
God is typing… se distingue des autres œuvres de XCOPY par sa palette de couleurs éclatantes, délaissant les tons sombres et inquiétants qui lui sont habituellement associés. Cependant, bien que le choix chromatique soit plus lumineux, le thème central de l’œuvre reste ancré dans la critique sociale et l’exploration des dérives technologiques, sujet récurrent chez l’artiste. L’oeuvre a été créé en 2022 et cédée pour environ 500,000 $ sur SuperRare.
L’œuvre présente un personnage aux traits simplifiés et ambigus, qui pourrait aussi bien être humanoïde qu’extraterrestre. Le visage de la figure se compose de grands yeux globuleux, dont le regard est entièrement captivé par un smartphone, et d’un petit nez esquissé. Il n’y a aucune bouche visible, soulignant une déshumanisation de la figure et accentuant l’obsession de celle-ci pour son écran.
Les couleurs dominantes sont le vert fluo et le jaune vif, créant un contraste frappant avec le fond, qui oscille entre un rose saturé et un rouge vif. Ces alternances de couleurs, typiques du glitch art de XCOPY, créent un effet hypnotique, rappelant l’instabilité visuelle des écrans ou l’effet d’une surcharge technologique. Le téléphone que tient le personnage semble prendre feu, suggérant une utilisation frénétique, voire compulsive.
Le titre God is typing… joue sur une métaphore subtile et incisive. La mention des « … » est une référence directe aux notifications que l’on voit apparaître dans les interfaces de messagerie en ligne lorsqu’un interlocuteur est en train d’écrire. Cette attente prolongée symbolisée par les points de suspension met en lumière l’anticipation anxieuse de la réponse, un phénomène commun qui souligne notre dépendance aux appareils numériques et à l’attention que nous cherchons en ligne. En suggérant que “Dieu” est en train de taper, XCOPY établit un parallèle ironique : nous attendons la réponse d’une figure divine, mais cette divinité contemporaine se trouve être notre téléphone, devenu un objet de culte.
Le choix des points de suspension accentue cette dimension de temps réel, rappelant l’impatience et la connexion constante que nous entretenons avec la technologie. L’artiste critique ainsi la manière dont ces appareils dictent notre rythme de vie et nos émotions, nous plaçant dans un état d’attente et de dépendance perpétuelle.
Le personnage, absorbé par son téléphone, incarne l’image d’une humanité moderne totalement captivée par ses appareils, au point d’en devenir dépendante. XCOPY utilise ici des glitchs et des variations chromatiques rapides pour simuler un effet de surcharge visuelle, reproduisant l’hypnose que peuvent provoquer les écrans lumineux. Le feu qui s’échappe du téléphone illustre non seulement l’idée d’une surchauffe physique, mais aussi la métaphore de l’épuisement émotionnel et psychologique provoqué par cette connexion constante.
L’absence de bouche chez le personnage renforce l’idée de passivité : l’individu ne communique pas, il se contente de recevoir, de regarder, et de taper frénétiquement. Ce visage sans expression, focalisé uniquement sur l’écran, renvoie à une critique de la manière dont la technologie réduit les interactions humaines et les émotions à de simples échanges numériques.
L’ambiguïté du personnage — humain déguisé ou être extraterrestre — ouvre la porte à plusieurs interprétations. XCOPY laisse volontairement ce doute planer : s’agit-il d’un humain se prenant pour un dieu à travers l’illusion de son pouvoir numérique, ou bien d’une créature étrangère fascinée par cette technologie humaine ? Cette dualité reflète l’obsession de notre société pour l’image et l’apparence, et met en lumière le fait que, quelle que soit notre identité, l’aliénation par la technologie est universelle.
La nature déguisée ou altérée de ce personnage suggère également que l’écran agit comme un filtre, déformant notre réalité et notre perception de soi. Le fait que les yeux du personnage soient synchronisés avec les mouvements du fond clignotant renforce l’idée que la technologie capte notre attention de manière incontrôlée et manipule notre perception.
L’utilisation des glitchs et le clignotement rapide du fond accentuent une atmosphère frénétique et instable. Le passage continu du rose au rouge, en lien avec les yeux du personnage qui suivent ce même rythme, crée une tension visuelle qui illustre le caractère hypnotique et oppressant des écrans. Ce procédé est également une manière de figurer le sentiment d’urgence que la technologie et la surconsommation d’informations imposent à notre quotidien.
God is typing… se positionne comme une critique ironique et acerbe de notre rapport au numérique. XCOPY utilise le motif du smartphone comme un miroir de notre société, qui élève la technologie au rang d’objet de culte tout en en devenant l’esclave. Le personnage, bien que présenté comme un dieu en train de taper, se révèle en réalité être une victime de sa propre obsession technologique, incapable de se libérer de cette boucle de dépendance.
En détournant les codes de la messagerie en ligne et en les intégrant dans une œuvre artistique, XCOPY nous pousse à réfléchir sur l’aliénation silencieuse provoquée par notre connexion constante aux écrans. Finalement, l’artiste pose une question cruciale : qui détient réellement le pouvoir — nous, ou nos appareils ?
Grifters
La collection Grifters, lancée le 15 décembre 2021 par XCOPY, se compose de 666 avatars uniques créés en utilisant la technologie Async Blueprints, un outil de génération d’art numérique modulable et développé par Async Art — solution abandonnée en octobre 2023. Contrairement aux œuvres classiques de XCOPY, souvent marquées par des thèmes dystopiques et du glitch art, cette série adopte un style distinct, tout en conservant des éléments typiques de son esthétique. Chaque avatar dans Grifters repose sur un ensemble de composants variés, créant des visages distincts tout en explorant un univers visuel singulier.
Async Blueprints permettait aux artistes de concevoir des œuvres d’art numérique en définissant un modèle ou un blueprint de base, qui était ensuite décliné en plusieurs variations à travers un processus algorithmique. Pour XCOPY, cela signifie que chaque Grifter est généré à partir d’un ensemble de traits prédéfinis, mais combinés de manière unique. Cette approche introduit une diversité au sein de la collection tout en maintenant une cohérence artistique, ce qui est essentiel pour garantir la rareté et l’unicité des avatars.
L’utilisation d’Async Blueprints illustre comment l’art génératif peut être à la fois un outil de création et un moyen de critiquer ou de questionner la valeur des objets numériques, notamment dans le contexte des avatars PFP (Profile Picture), qui prolifèrent sur les plateformes sociales et les marketplaces NFT.
Bien que la série Grifters s’écarte du glitch art traditionnel de XCOPY, elle n’en reste pas moins fidèle à son approche de l’art numérique, avec des visages marqués par des traits parfois menaçants et une palette de couleurs vibrantes, contrastant avec les arrière-plans noirs qui dominent l’ensemble des œuvres. Les visages se déclinent en quatre formes principales, chacune ayant des caractéristiques qui renforcent le caractère expressif et inquiétant de la collection. Les couleurs principales, vert, bleu et jaune, ajoutent un contraste saisissant aux fonds noirs, créant ainsi un effet visuel percutant. Les yeux, appelés “Vision”, offrent vingt types de regards différents, certains empruntant des symboles iconiques comme le logo de l’Ethereum, utilisé comme pupille dans un des modèles. Les coiffures, regroupées sous le terme “Surface”, se déclinent en seize variantes, dont certaines sont plus excentriques, comme des insectes volants appelés Flies.
Les arrière-plans, regroupés sous le nom “Atmosphere”, proposent onze possibilités qui ajoutent une dimension narrative aux avatars. Certains sont minimalistes, comme Probably, un fond uni sans texture, tandis que d’autres jouent sur des motifs plus familiers tels que des bulles de savon (Bubbles), des disquettes (Save As), des icônes d’enveloppes (DMs) ou des fichiers image (JPEGs). Enfin, les bouches, ou “Noise”, se déclinent en quinze variations, dont certaines ajoutent une touche provocatrice, à l’image de Candy Cig, qui représente une cigarette.
Ces éléments combinés permettent de créer des avatars aux combinaisons quasi infinies, chacun disposant de traits qui augmentent sa rareté et sa valeur perçue, contribuant ainsi au succès et à l’attrait de la collection.
Trois légendaires: Rotten, Mblazed et Flooky
Au sein de cette collection, trois éditions se distinguent : Rotten, Mblazed et Flooky. Chacune de ces éditions intègre des caractéristiques uniques et complexes qui les placent au sommet de la collection en termes de rareté et d’esthétique. Elles ont toutes les trois un trait « Legendary Edition ».
Flooky
Flooky se démarque par une composition qui combine presque tous les arrière-plans disponibles dans la collection, mais disposés de manière subtilement modifiée par rapport aux autres avatars et accompagné de milliers de pixels blanc et gris suggérant un ciel de nuit étoilé. Ce légendaire présente un regard unique, des yeux jaunes et rouges en forme d’aimants, et une couleur violette qui n’apparaît nulle part ailleurs dans la série. Quant à la coiffure, il porte le motif Flies, déjà utilisé dans d’autres avatars (ex. #614 supra), mais ici associé à cette teinte violette, accentuant son caractère distinctif. La bouche Double Drop, qui affiche des pilules sur une langue, ajoute une touche de provocation typique du style de XCOPY. Cette œuvre a été acquise par Snoop Dogg sous l’alias Cozomo de’ Medici, prouvant l’attrait de cette collection auprès des grands collectionneurs.
Rotten
Rotten présente une texture unique inspirée de petits traits qui rappellent la coiffure Flies. Son fond, une évocation d’un ciel étoilé, mêle des points blancs et gris qui se fondent harmonieusement avec la forme principale (le type Shady). Cette continuité visuelle accentue l’impression d’une tête de mort flottant dans un espace cosmique, ajoutant une dimension presque mystique à l’œuvre.
Blazed
La version « légendaire » Blazed de la collection Grifters, semble s’éloigner de l’esthétique habituelle de XCOPY. En effet, la palette de couleurs utilisée ici pour les étoiles—violet, rose, bleu et vert fluo—, bien que sur fond noir, rappelle un univers visuel qui évoque une imagerie « néon féérique » ou « arc-en-ciel cosmique », en rupture avec la tonalité sombre et dystopique que l’on retrouve dans la plupart de ses autres œuvres. L’artiste, connu pour ses critiques incisives et ses visuels sombres, pourrait ainsi jouer avec cette dynamique, en créant volontairement un décalage ironique par rapport à ses œuvres précédentes.
En adoptant une approche basée sur les PFP avec Grifters, XCOPY explore la dualité artistique et commerciale de ce format. Le terme même « Grifters », qui se traduit par « escrocs » ou « profiteurs », semble être une invitation à questionner la motivation des acheteurs de ces avatars et l’essence même de ces œuvres. En ligne avec ses thèmes critiques et satiriques, XCOPY semble jouer avec l’idée que l’achat de ces avatars —voués à être affichés sur les réseaux sociaux—, bien que séduisant sur le plan visuel, pourrait être interprété comme une complicité dans le phénomène spéculatif des PFP. Il suggère ainsi une forme de réflexion sur la manière dont les collectionneurs eux-mêmes participent, parfois inconsciemment, à une dynamique de marché qu’il critique.
La collection Grifters ne renie pas l’attrait artistique de ces avatars, mais elle questionne subtilement leur usage et la spéculation qui les entoure. En invitant les collectionneurs à afficher ces avatars, XCOPY pose une question : s’agit-il d’une réelle appréciation de l’art ou d’une quête de statut et de profit dans un marché de plus en plus spéculatif ? La collection pourrait alors être perçue comme une réflexion sur l’équilibre délicat entre art et commerce dans le domaine des NFT. La collection Grifters fonctionne finalement comme une critique des dynamiques du monde numérique et de la saturation des images. Elle interroge également la valeur de l’art dans un univers où les objets numériques peuvent se multiplier à l’infini, mais où leur signification reste sujette à une appropriation rapide et superficielle. Elle ne se contente pas d’être une simple collection visuelle. Elle devient un manifeste sur l’art à l’ère du numérique, questionnant la notion de valeur et l’authenticité dans un monde où tout peut être copié, multiplié, et consommé à l’infini.
Depuis son lancement, Grifters a connu une valorisation significative. Le prix plancher actuel est de 9,90 ETH (environ 15 000 EUR en octobre 2024), ce qui en fait l’une des collections les plus accessibles de l’artiste tout en conservant une forte popularité parmi les collectionneurs. Elle incarne ainsi l’ambiguïté de la spéculation NFT tout en réaffirmant l’identité artistique complexe et critique de XCOPY.
Max Pain and Frens
La collection Max Pain and Frens de XCOPY, lancée le 24 mars 2022 sur Nifty Gateway, a marqué un tournant dans l’espace NFT en combinant plusieurs formats et mécanismes de mise à disposition pour captiver les collectionneurs et encourager, supposément, la participation massive.
Les crânes animés de la collection Max Pain and Frens incarnent de manière puissante l’esthétique glitchy et subversive caractéristique de XCOPY. Le choix des couleurs néon contraste intensément avec le fond noir, créant un effet visuel à la fois captivant et perturbant. Ce contraste amplifie le sentiment d’urgence et de chaos que l’artiste cherche à transmettre, une signature de son travail, qui explore fréquemment des thèmes de dystopie, de mort, et de critique sociale.
Ces crânes, figés dans une expression à la fois enragée et désabusée, sont animés par des distorsions visuelles rapides et fragmentées, typiques du style glitch art de XCOPY. L’utilisation du glitch, loin d’être purement esthétique, évoque l’effondrement des structures traditionnelles et l’instabilité de la perception dans un monde numérique saturé d’informations et de distractions. Ces animations frénétiques, par leur aspect saccadé et imprévisible, suggèrent un monde en désintégration, où l’identité est continuellement déformée, décomposée, et recomposée.
Cette approche rappelle l’oeuvre Skull de Jean-Michel Basquiat (1981). Comme Basquiat, XCOPY utilise le crâne non seulement comme un symbole universel de la mortalité, mais aussi comme un outil de critique sociale. Chez Basquiat, le crâne devient une exploration des tensions raciales, des inégalités sociales, et de la mort. Dans Skull, par exemple, l’assemblage fragmenté et les traits quasi abstraits créent une vision à la fois dérangeante et captivante de l’anatomie humaine, évoquant une humanité décomposée, hantée par la violence et la mort.
XCOPY reprend cette iconographie pour l’adapter à l’ère numérique, en y injectant une dynamique technologique et un chaos contemporain. Les crânes de Max Pain and Frens rappellent ainsi l’influence de Basquiat, mais transposent cette esthétique dans un univers glitché, où la fragmentation n’est plus seulement physique mais aussi numérique, reflet de l’identité moderne en perpétuelle recomposition.
Les couleurs vives, qui évoquent également celles de Basquiat, sont utilisées ici de manière ironique. Plutôt que de symboliser la vie ou l’énergie, elles créent une atmosphère électrique et toxique, renforçant l’idée d’un univers saturé où l’excès de stimuli visuels conduit à une forme d’aliénation. L’effet hypnotique des animations intensifie cette sensation, plongeant le spectateur dans une boucle visuelle qui reflète la nature addictive des écrans et des technologies actuelles.
La réception de cette collection est ambivalente. D’un côté, elle est saluée pour sa capacité à capturer, à travers une œuvre visuellement percutante, les angoisses contemporaines liées à la technologie et à l’omniprésence du numérique, tout en étant proposée à un prix de vente jugé accessible (~ $3 000). D’un autre côté, certains déplorent le choix d’un format ouvert, suggérant que la multiplicité des exemplaires pourrait diluer sa valeur artistique.
Avant le lancement de la collection, il existait une réelle rareté des œuvres de XCOPY sur le marché secondaire. Très peu de pièces étaient disponibles à la vente, et le prix plancher se situait autour de 20 000 dollars. Certains ont perçu ce lancement comme une démarche de démocratisation excessive de l’artiste, en mettant un grand nombre de NFT à disposition. Selon eux, cette offre abondante, dépassant largement la demande habituelle, risquait de provoquer une dévaluation des prix.
All I learned is that people get triggered by 'open editions'. 😄
— XCOPY 🏴 (@XCOPYART) March 24, 2022
Néanmoins, en transposant son esthétique de saturation et de glitch pour évoquer une urgence frénétique d’acquisition, XCOPY parvient paradoxalement à renforcer le message de la collection : dans un monde numérique hyperconnecté, même l’art devient une course effrénée, un objet de consommation instantanée. Malgré les craintes de dilution dues au format d’édition ouverte, les prix sur le marché secondaire sont restés stables, démontrant que la valeur des œuvres de XCOPY, ainsi que son statut en tant qu’artiste, demeurent inaltérés. In fine, la demande continue de prouver que, même face à l’accélération perpétuelle, l’art de XCOPY conserve sa rareté et son prestige.
Processus de la vente (drop)
L'édition ouverte (Open Edition)
La vente s’est déroulée sous un format d’édition ouverte, offrant aux collectionneurs une fenêtre de dix minutes (de 18h30 à 18h40 EST, soit de 0h30 à 0h40 du matin à Paris) pour acquérir autant de NFT qu’ils le souhaitaient, au prix de 1 ETH par exemplaire (environ 3 100 USD à l’époque). Ce format sans limite d’exemplaires mais avec une contrainte temporelle a permis de générer 7 394 ventes, atteignant un chiffre d’affaires total de 23 millions de dollars en dix minutes. Cette approche exploite l’effet de rareté temporelle pour maximiser l’engouement.
well that was quite intense
— XCOPY 🏴 (@XCOPYART) March 24, 2022
Enchères classées (Ranked Auctions)
En parallèle, XCOPY a organisé deux enchères classées pour des œuvres en édition limitée :
- Waster, une édition de 6 exemplaires.
- Damager Luxe, une autre œuvre en édition 12 exemplaires.
Les enchères classées permettent aux enchérisseurs de suivre leur rang en temps réel et d’ajuster leurs offres pour figurer parmi les gagnants. Elles se sont déroulées durant 30 minutes de 16h30 à 17h00 EST (de 22h30 à 23h00 à Paris). Les prix finaux ont varié entre 91 000 et 101 000 USD, montrant l’intérêt continu pour les œuvres de XCOPY.
Le tirage au sort (Drawing)
Un tirage au sort a été mis en place pour l’œuvre Gourmet Spicy, limitée à 24 exemplaires. Les collectionneurs répondant aux critères, tels que la possession d’au moins cinq NFT sur Nifty Gateway, ont pu participer et espérer acquérir un exemplaire pour seulement 1 USD. Ce format renforce l’engagement en ajoutant une dimension ludique à l’acquisition des œuvres.
Le mécanisme de burn (burn levels)
Un des aspects les plus innovants de cette collection est le mécanisme de burn, regroupé sous l’intitulé Traitors Redemption. Ce système permet aux détenteurs de Afterburn (une collection précédente) de détruire leurs œuvres pour en acquérir de nouvelles, comme Damager, Guzzler 2 (Red), ou Reachback, au prix symbolique de 1 USD. Ce processus invite les collectionneurs à prendre des décisions stratégiques, renforçant l’idée de rareté en réduisant le nombre d’exemplaires disponibles sur le marché.
Le choix de nommer le mécanisme de burn Traitors Redemption n’est pas anodin. XCOPY semble suggérer que le processus de destruction d’une œuvre pour en acquérir une nouvelle pourrait être perçu comme une forme de trahison ou de déloyauté envers l’œuvre d’origine. Cela invite les collectionneurs à se poser des questions : est-il justifié de brûler une pièce d’art pour en obtenir une autre, potentiellement plus rare ? Cette dynamique met en lumière le paradoxe de l’art spéculatif, où la valeur d’une œuvre peut être manipulée et augmentée en détruisant une partie de son héritage.
XCOPY joue ici sur l’idée de la transformation de l’art en une marchandise fluctuante, critiquant subtilement la spéculation effrénée dans le monde des NFT. En utilisant ce processus, l’artiste se moque peut-être des collectionneurs qui, en quête de rareté, participent à un cycle où l’art est traité comme un simple actif financier à manipuler et à échanger.
Le drop Max Pain and Frens démontre la capacité de XCOPY à repousser les limites de l’innovation dans l’espace NFT, tout en soulevant des questions cruciales sur la valeur et la nature de l’art numérique. En explorant des mécanismes comme l’édition ouverte et le burn, il engage les collectionneurs dans un jeu complexe où la fidélité à l’art est mise à l’épreuve, tout en s’assurant que sa place en tant que pionnier du crypto-art reste inébranlable.
XCOPY : les œuvres perdues, ou presque
Ascribe
Jesus Mob
Ascribe.io a été la première plateforme que XCOPY a utilisée pour certifier ses œuvres numériques via la blockchain Bitcoin. En 2018, il y a enregistré plusieurs créations. Toutefois, la fermeture d’ascribe.io la même année a entraîné la perte de plusieurs œuvres qui n’ont pas pu être migrées ou sauvegardées à temps. Jesus Mob a eu la chance d’être acheté à temps, ce qui a permis de le préserver. Certaines œuvres ont pu être transférées vers des plateformes encore actives, assurant ainsi leur conservation, d’autres ont malheureusement disparu.
Le témoignage de @shortcut, détaille l’achat de Jesus Mob —à cette adresse, désormais inactive— le 7 avril 2018 pour 15 dollars avant la fermeture d’Ascribe. Cet acte témoigne de l’intérêt d’un collectionneur précurseur, passionné par l’art numérique et par les possibilités offertes par la blockchain Bitcoin. Cet achat, réalisé bien avant la popularisation massive des NFTs, reflète une forme de vision avant-gardiste. Jesus Mob devient ainsi un exemple rare d’une œuvre préservée grâce à cet engagement, illustrant comment XCOPY s’était déjà inscrit dans l’univers des NFTs, bien avant que le phénomène ne prenne l’ampleur qu’on lui connaît aujourd’hui.
Alight here for dystopia
D’autres œuvres n’ont pas eu cette chance. C’est le cas d’Alight Here for Dystopia dont la toute première version —datée de 2017— a été mise en ligne le 28 mars 2018 sur ascribe.io. Jamais vendue, cette oeuvre semble perdue pour toujours. Le 13 novembre 2018, XCOPY a néanmoins mis en ligne une œuvre similaire sur Super Rare avec une palette de couleurs modifiée passant du vert au bleu tout en conservant le même glitch.
Loading new conflict ...
Après la fermeture d’Ascribe, XCOPY a créé sept variations de sa pièce Loading New Conflict sur SuperRare… et les a offertes à sept de ses anciens collectionneurs d’Ascribe.
Story behind this: I minted 7 variations of this piece on SR and gifted them to collectors who had supported my work on ascribe (which fell into the cryptoart platform graveyard). https://t.co/gWdyRJRrtO
— XCOPY 🏴 (@XCOPYART) March 17, 2021
this one was originally gifted to @artnome ( a handful of other collectors also received alternate versions) for supporting my work on https://t.co/QOKx5VRdag - before it died. https://t.co/r4XXZObemh
— XCOPY 🏴 (@XCOPYART) August 3, 2020
Rare Art Labs
Rare Art Labs a été l’une des premières plateformes NFT sur lesquelles XCOPY a exposé ses œuvres, avant l’explosion massive des NFT. Lancée en 2018, cette plateforme se distinguait par son approche avant-gardiste, mais elle n’a pas réussi à s’imposer sur le long terme. Certaines des œuvres d’XCOPY présentes sur Rare Art Labs ont été récupérées et tokenisées sur des marketplaces modernes, tandis que d’autres n’ont jamais été mintées ou sont restées bloquées dans le smart contract d’origine.
Death wannabe
Le 17 juillet 2018, 10 éditions de l’œuvre Death Wannabe ont été produites sur Rare Art Labs. Aujourd’hui, seulement 3 de ces éditions sont en circulation, les 7 autres restant verrouillées dans le contrat initial, sans possibilité de les débloquer sans une mise à jour du smart contract.
I did a thing.
— NooNe0x (@phon_ro) October 12, 2021
Death Wannabe by @XCOPYART
1/3* 17th July 2018.
Originally a x/10 - 7 are locked in the original R.A.R.E ART contract. @redlioneye13 knows ⬇️⬇️https://t.co/bafQkf4i83 pic.twitter.com/uGzTXNjdsu
Disaster Suit
Le 31 juillet 2018, Disaster Suit a été lancé avec également 10 éditions. Actuellement, 4 exemplaires sont en circulation, tandis que les 6 autres restent définitivement bloqués dans le contrat. L’une des copies de Disaster Suit a été revendue le 21 octobre 2021 pour la somme impressionnante de 1 million de dollars, soulignant la valeur croissante des œuvres d’XCOPY sur le marché secondaire, même lorsque celles-ci proviennent de plateformes à présent inactives.
‘Disaster Suit’ #cryptoart
— XCOPY 🏴 (@XCOPYART) July 31, 2018
Edition of 10
Out now! Only @rareartlabs https://t.co/TrQ12doE2c#digitalart #rare #ETH pic.twitter.com/O3RH68NhXh
DISASTER SUIT
— XCOPY 🏴 (@XCOPYART) April 4, 2024
2018 ERC-20
Contract: https://t.co/kr0y8UCUzy pic.twitter.com/HHHeWXHUMH
Fan Bits
En mars 2018, Fan Bits a été lancé comme une extension de Rare Bits, un marché NFT pionnier dans l’espace des crypto-arts —plateformes toutes les deux fermées. Cette plateforme permettait aux artistes de lancer leurs propres tokens de manière simple, mais elle n’a pas eu le succès escompté. Elle a rapidement perdu de l’intérêt, avec un compte Twitter presque inactif six mois après son lancement. Parmi ses utilisateurs, on retrouve cependant XCOPY.
uhhh — did @XCOPYART drop 100 pieces on @fanbitsHQ (now dead) back in may 2018?
— Gianni Settino (@giaset) April 10, 2022
if so, i just retrieved all of them from the old/unverified smart contract pic.twitter.com/6vORs2P7rx
Threads are generally cringe, but let me put on my midwit clout-farmer hat real quick.
— Gianni Settino (@giaset) April 21, 2022
🧵 Here's a step-by-step guide on how I found some of @XCOPYART's oldest Ethereum pieces hiding in plain sight (and, bonus: how to interact with unverified smart contracts) pic.twitter.com/OXR7uavFIv
Digital Objects
Digital Object était une plateforme NFT dédiée à l’art numérique. Comme d’autres projets similaires de l’époque, elle a rencontré des difficultés à attirer une adoption suffisamment large pour assurer sa pérennité.
Malgré sa fermeture, certaines œuvres créées sur cette plateforme, dont celles d’XCOPY, ont survécu. Trois pièces emblématiques d’XCOPY (Hackproof 2049, Last Human Police 2039, New Teeth 2033), initialement mintées sur Digital Object, ont été récupérées et préservées sur OpenSea, permettant ainsi à ces créations de continuer à vivre et à circuler sur le marché des NFT.
In fine, ces œuvres, parfois récupérées, parfois perdues, témoignent non seulement des débuts tumultueux de l’espace NFT, mais aussi des défis inhérents à la préservation de l’art numérique. L’immutabilité de la blockchain, bien qu’assurant la permanence des transactions et des smart contracts, ne garantit en rien la pérennité des fichiers et des métadonnées qui leur sont associés.
Les données associées aux NFTs, telles que les métadonnées (nom de l’œuvre, l’artiste, les descriptions), ainsi que les fichiers multimédias comme les images, vidéos ou autres, ne sont généralement pas stockées directement sur la blockchain en raison du coût prohibitif en termes de ressources. A défaut de solution, particulièrement lors de l’émergence des NFT, ces éléments ont souvent été conservés off-chain, sur des systèmes externes centralisés.
Les artistes pionniers comme XCOPY ont pris de véritables risques en s’engageant avec des plateformes émergentes, révélant ainsi les lacunes des premières infrastructures NFT. Si des plateformes comme Ascribe.io, Rare Art Labs, Fan Bits ou Digital Objects ont marqué l’histoire des débuts de l’art numérique, elles ont aussi laissé des œuvres piégées dans les limbes des contrats intelligents et des fermetures de sites.
Malgré tout, ces œuvres continuent de fasciner les collectionneurs et la communauté NFT. Des efforts, tels que ceux entrepris par Gianni Settino, montrent que, même lorsque certaines pièces semblent perdues, la blockchain conserve des traces permettant de les redécouvrir et de leur redonner vie. Ce processus de récupération met en lumière la durabilité de l’art numérique tokenisé. Même si les plateformes s’effacent, l’essence de ces œuvres peut perdurer, assurant ainsi leur préservation et leur accessibilité.
1 First Supper a été conçu sur la plateforme Async Art, permettant aux propriétaires des layers de modifier des aspects tels que l’état, la rotation, l’échelle, la position XY, la visibilité, l’opacité, la teinte, et les valeurs RGB. Ces changements étaient envoyés par le biais d’une transaction Ethereum au smart contract associé.
2 Le site Redlion.news a consacré deux articles (ici et là) spécifiquement aux œuvres potentiellement perdues de XCOPY, les désignant sous le nom de Lost XCOPIES.
3 Le wrapping consiste à encapsuler un NFT d’origine dans un nouveau smart contract qui lui permet d’être compatible avec les nouvelles plateformes, sans altérer le contenu ou la provenance de l’œuvre. Le NFT est transféré vers ce nouveau contrat, créant ainsi une version modernisée tout en conservant les informations de l’œuvre d’origine.
4 OpenSea utilise un système de « caching » (mise en cache) des métadonnées des NFT pour rendre les collections plus accessibles et consultables, même si les plateformes d’origine ou les smart contracts initiaux ne sont plus actifs. Dans le cas des œuvres de Fan Bits d’XCOPY, il est possible que ces deux créations aient été ajoutées à OpenSea avant que la plateforme Fan Bits ne disparaisse.
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